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Scottish Road Trip
1 mars 2009

Sail Mhor Croft Hostel (suite)

Hey, il est déjà 19h45 ! Va p'têt falloir qu'on s'inquiète de manger Dans ce coquet Hostel avec vue imprenable sur la baie au pied des montagnes, c'est une véritable partie de plaisir... En comparaison avec d'autres soirées plus difficiles à organiser (cause cohabitation gânante avec de drôles de personnages dans les lieux communs) nous sommes reines en la demeure ce soir: l'ensemble de la partie hébergement nous appartient!

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Bon, la route défile mais les estomacs se creusent, les formidables paysages fondus de lochs, cisaillés de sommets aux couleurs bariolées selon les passages de rayons lumineux ne suffisent plus... Ca ne nous remplit que la tête et les yeux. On finit donc par s'arrêter au bord de la route, tout est désert, des landes à perte de vue et, de temps en temps, une voiture qui ne fait que poursuivre son chemin. Je suis ravie, je vais pouvoir assouvir mon envie de pipi loin de la société des hommes qui, ici, rappelons-le, condamne ce geste en plein air. Voilà donc la fraudeuse qui fait des bonds dans les mottes d'herbes et de tourbe pour s'éloigner de l'axe bitumé. Là, dans les contreforts d'un pan de roche, c'est parfait, un dernier coup d'oeil vers la chaussée et Zou, ça soulage! Au moment de se reculotter, un regard en biais fait surgir l'angoisse absolue: là à 100m sur le côté, deux hommes habillés en tenue de camouflage s'affairent à une drôle d'activité... Et là, moi, en plein dans leur champ de vision, je n'avais même pas songé à tourner la tête dans tous les sens avant de commettre mon forfait, tellement assurée que le seul mirador possible en ces lieux ne pouvait provenir que des véhicules. Bon, ben, ce qui est fait est fait, les deux lascars ont bien du se rincer l'oeil et y a plus maitenant qu'à aller engloutir le pique-nique que Julie s'est déjà chargée de bien entamer. Un rapide coup d'oeil aux jumelles nous apprendra plus tard que les deux hommes s'entraînaient au tir à l'arc.

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Allez, en route, et quelle route! Je prends le volant: Julie a fait sa part ce matin. Au fur et à mesure que se rétrécissent les routes, s'agrandissent démesurément les espaces. Nous sommes "into the wild", les moutons empiètent sur l'asphalte, les clichés se multiplient mais rien n'égale l'ampleur de ce qui est visible et qui, par là-même, prolonge l'invisible, on touche à une dimension unique où tout vibre en symphonie parfaite, les volumes, les courbes, les jeux d'ombres et de lumières, mille et une formes d'eaux, de pierre et de terres, autant de nuances encore insoupçonnées qui, ainsi mélangées, résonnent profondément au coeur, dans l'âme et la chair.

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Mes "c'est trop beau!" finissent même par laisser place à un silence intense... Lorsque n'y tenant plus, les soupirs de Julie font s'arrêter la voiture que je conduis. On vient d'achever par des chemins détournés la boucle du Bel Loyal et le spectacle de l'estuaire aux lueurs du crépuscule nous arrache des larmes de bonheur.

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LA luminosité tombe, les paysages demeurent. Je m'acharne à prendre de sphotos jusqu'aux derniers instants de pénombre. Ce qui vaut à Julie de s'accrocher à la poignée intérieure haute de la portière en poussant des petits cris, pas vraiment rassurée par les arrêts infligés au véhicule dans des conditions périlleuses... mais, esseulées en ces lieux, on n'a sans doute pas grand chose à craindre, à mes dires... C'est pas du tout l'avis de Julie qui envisage le pire à chaque fois: elle voit déjà la voiture invisible qui va nous percuter, par l'avant ou par l'arrière !
C'est exténuées que nous arrivons à Durness avec la tombée de la nuit et une mission de la plus haute importance confiée le matin même par le patron de notre hébergement à Thurso: il s'agit de remettre tout un tas de dépliants promotionnels au Lazy Croft Hôtel. Nous réalisons alors, après une journée entière passée sur la route, le précieux temps que nous avons fait économiser à l'entrepreneur de Thurso déjà débordé entre son snack et son hôtel. Dernier coup d'éclat avant d'entrer dans le village proprement dit: au coin d'une descente, un groupe de cinq ou six cerfs trrône majestueusement au bord de la route. Le temps pour moi d'arrêter la voiture en catastrophe, de changer d'objectif sur l'appareil photo, de sortir de la voiture ,les cerfs s'étaient barrés et Julie se retrouvait les intestins tout crispés par l'éventualité d'un carambolage certain !
A Durness, donc, distribution de dépliants, récupération de bon plan d'adresse pour boire un coup et manger puis, repues, motivation obligatoire pour se retaper à l'envers et dans le noir l'ensemble des entortillaminis de dédales plus ou moins bien tracés nous ayant amenées jusque là. Pour Julie, rien ne va plus: elle voit des moutons partout, ne sait plus si on est encore sur la route ou dans le décor, chaque virage lui retourne les tripes. Bien que je sois aux commandes (à vitesse plus que raisonnable: 50km/h max, ayant pitié de la panique incontrôlable de sa passagère de droite!) c'est Julie qui écrase les pieds au tapis, se raidit tous les muscles des jambes et du reste du corps, se noue les intersints et gémit sourdement pour mieux s'écrier frénétiquement plutôt trois fois qu'une: "Attention Mouton!", "Attention virage!!", "Attention truc bizarre!!!" (il s'est avéré que c'était un blaireau) "Attention GROS MACHIN!!!!" (c'était un cerf).

Bon, il est vrai que le voyage ne fut pas de tout repos: les moutons sommeillaient avachis sur le milieur de la chaussée, les tournant relevaient de véritables lacets de montagne, les phares de la Modus n'éclairaient pas plus loin que les deux prermiers mètres au sol en mode feux de croisement, les cerfs s'amusaient à traverser juste devant nous, les voitures n'allaient évidemment pas dans le même sens que nous et la largeur des axes faisaient craindre des embardées dans la lande brumeuse.

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Malgré tout, une paire d'heures et une multitude de cris plaintifs plus tard, je ramenai saines et sauves la Modus et la Julie et appréciai, après tant de pression accumulée, de m'effondrer emmitouflée dans mon duvet.


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Commentaires
A
C'est là qu'on apprécie d'être en voilier... bon, le risque, c'est que pour rentrer dans les lochs, on est sensé trouver des amers blancs, mais il y a tellement de moutons!!!
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