Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Scottish Road Trip
5 mars 2009

Newark, appartement des luthières.

Sgnif... c'est presque fini... On a passé la frontière écossaise ce midi, après une dernière halte dans l'ultime centre de shopping touristique scottish... Je n'en reviens toujours pas: dans leurs sanitaires pour laidies, il y avait 2 allées remplies de trônes alignés les uns contre les autres, tous individualisés et cloisonnés. Une fois l'envie pipi assouvie, le comptage s'est opéré minutieusement pour en avoir le cœur net: 40 WC rien que dans le quartier des dames, tout bonnement hallucinant, jamais vu un truc pareil !!!
Heureuses d'être enfin parvenues à notre dernière escale britannique avant la traversée retour qui nous attend demain. Arriver sur Newark ne fut pas simple : au volant, je me suis tellement bien adaptée aux autoroutes anglaises (quel stress : le clignotant a ici une toute autre fonction qu'en France; chez le coq gaulois, c'est un signal avertisseur du changement de direction à venir, chez les Rosbifs, c'est au contraire un simple accessoire d'accompagnement du geste, et quand on le voit s'allumer, c'est déjà trop tard, la bagnole a déjà entamé son mouvement... Et y a intérêt à lui laisser la place sous peine de collision.) que je suis restée sur la M1 pendant que Julie écrasait l'appuie-tête, assoupie profondément sur son siège... Résultat des courses : on a loupé la bretelle d'accès à la A1 et on s'est retrouvée 25 miles trop au sud de Newark. Nous qui étions fières de cette précieuse avance qui nous aurait permis de s'arrêter boire un pot quelque part, nous n'avions plus désormais qu'à ronger notre frein en se retapant le chemin à l'envers (en même temps, c'est pas comme si c'était la première fois: on commence à être habituées à ces aller-retours superflus). Bref, ça fait du bien de se retrouver à bon port et c'est le moment, avant d'enchaîner avec une session irlandaise à Nottingham, de reprendre les écritures.

*****

En ce 1er mars 2009, donc, après s'être cassées le nez sur les hébergements de Portnalong, au sud-ouest de l'Ile de Skye, nous voici perplexes devant l'hôtel de Sliggachan, grande batisse à l'ancienne isolée au pied du mont Cuilinn (noir de charbon), encerclée par deux grands axes routiers.


pyramide

A l'intérieur, le mobilier a l'air de dater des siècles passés, et sans lumières, aucune porte ne semble vouloir s'ouvrir. Seul un papier scotché à la hâte nous indique d'aller rechercher les bunkhouses un peu plus haut sur les pans de la montagne. De plus en plus découragées, nous grimpons en modus (pauvre voiture : elle en aura écumé des nids-de-poule sur les sales routes écossaises) et, devant le bâtiment en question, j'ai de nouveau un frisson de recul.
- "houla, il y a des hommes qui ont une sale tête là-dedans !"
Julie s'empresse de me rabattre le caquet en me faisant comprendre que si ça continue comme ça, on ne trouvera jamais où dormir ! Sauf que, en s'avançant vers la structure, elle doit elle-même se rendre à l'évidence : toute une garnison de militaires en tenue de combat a élu domicile en cet endroit... Hors de question de cohabiter avec tous ces plus ou moins gradés qui ont l'air de préparer une mission commando ! Ahlala, quand la poisse s'acharne, elle ne le fait pas qu'à moitié, tant et si bien que Julie finit par se demander si ça n'est pas moi qui ai le mauvais œil ! Il va encore falloir rouler, chercher un autre repli sur l'île... Plus ça va, moins ça va, il fait froid, l'heure tourne, la nuit tombe, autant que la pluie, et on a toujours rien de précis pour poser armes et bagages! Puis l'énervement et la fatigue commencent à se mettre de la partie. Julie au volant, moi en copilote, nous voilà à l'assaut de Portree, seule bourgade conséquente sur l'île. Là, 2 possibilités s'offrent à nous (d'après notre dépliant des hôtels indépendants) : soit un ancien bureau de poste, reconverti en hôtel, soit le Bayfield Bagpacker. Le premier est visible depuis la place centrale... et vous savez quoi ? ll ne m'inspire pas confiance à cause du stationnement obligatoire au coeur de la ville où, entre le resto et le bar, des jeunes "excités" sont déjà en train d'errer, complétement alcoolisés... Il nous reste alors à rechercher le Bayfield... Seulement, sans plan, et sans véritable indication du guide du Routard (ça devient vraiment n'importe quoi, par moment, cet ouvrage!) ça s'avère ardu... On tourne, on vire, on s'énerve, on se démotive et, et prêtes à lâcher l'affaire, on tombe pile poil devant. Ouf!
Bon, ça semble carrément pas mal, pas trop cher... Juste que le gérant est tellement speedé, qu'à force d'allées et venues, il fait tomber mon sac contenant mon appareil photo... Malheur! ça continue : quand la scoumoune colle à la peau, elle ne lâche plus. Toute paniquée, je me rue vers mon matériel pour le tester... Ça a l'air de fonctionner... Mais rien ne dit que les dégâts ne sont pas internes: me voilà contrariée pour la soirée ! Laquelle se passe d'ailleurs à errer dans les rues du village pour repérer quelques boutiques susceptibles d'approvisionner nos achats de souvenirs. Ayant perdu toute force de volonté l'une et l'autre, c'est finalement Julie qui lance: "si on se faisait un resto?" Je lâche péniblement un "ok, peu importe." On croyait avoir le choix, en fait, il n'y a quasiment rien d'ouvert. (c'est bien la peine d'être dans un coin réputé ultra touristique) et on se rabat sur le Isle inn, où Julie commande une pie au beef et à la sauce mushroom, pendant que je prends le risque du poisson: un filet haddock en sauce... Quelle n'est pas ma mauvaise surprise quand je vois débouler une assiette de fish and ships! En plus, les frites sont rances et pour la fraîcheur du poisson, on n'en parle même pas, au bout de deux bouchées, c'est réglé: ignoble autant que dangereux pour la santé!

saispu3

*******

Le même jour à 21h30, au pub Queen William's IV, de Nottingham.

La session irlandaise démarre tout juste; après les premières séances des Vileann Pipe pour s'accorder, nous avons réussi à nous frayer une chtite place assise dans les recoins de la pièce entourant les musiciens. L'espace est très réduit, même les mouvements  amples des musiciens avec leurs instruments risquent à tout moment de faire valser une pinte ou deux. Les sonorités résonnent, s'étoffent, chaque instrument se cale petit à petit sur le précédent. Ils sont 13 armés chacun qui d'un buzuki, qui d'une flûte, d'un violon, d'un bodhran, d'une guitare... ça donne des fourmis dans les jambes alors qu'on a a peine la place de s'asseoir. Inutile d'espérer danser sous peine d'obstruer complètement l'air déjà irrespirable... Mon dieu, en voilà un quatorzième qui rapplique, où va-t-il bien pouvoir se mettre ? Allez, maintenant c'est un client qui a perdu son chapeau... Ben, je crois qu'il va devoir attendre la fermeture de l'établissement pour y voir plus clair !

Sur fond de Vileann Pipe et de flûte irlandaise, les autres musiciens attendent tranquillement leur tour pour intervenir.

A y est, c'est parti, tout le monde joue, ils sont plus de 16 instruments de concert, le son emplit toute la pièce, ça prend aux tripes. Julie s'active à en dessiner un maximum et je noircis les pages de mon carnet, Madoulette quant à elle savoure l'instant tout en dévorant des yeux et des oreilles l'ensemble de la pièce.

Le rythme se précise, le capharnaüm se fait unité et les notes s'égrennent en cadence. Dieu qu'il est frustrant de rester coincé sur son siège, Madoulette le répète à l'envi !

4 violons mènent la mélodie discrètement suivis par quelques whistles et un bodhrane. Désormais c'est la mandoline qui relance un nouveau morceau d'abord accompagné par 2 violons, puis arrive la flûte. Et je commence à me dandiner sur ma chaise. Sur appel du Vileann pipe, tous les joueurs sont réunis au sein d'une même musique alternant les strophes communes et les intervalles à moindres musiciens, avec l'entrée en piste de la guitare, l'ensemble prend du corps et de l'amplitude. C'est tout notre corps de spectateur qui vibre à l'unisson!

Et, lorsqu'au milieu du tumulte trépidant, une voix, puis deux, puis trois, se frayent un chemin, l'émotion gagne encore en intensité... Ils nous emportent, on s'évade, les paysage d'Ecosse ressurgissent. Ce périple si frais dans nos esprits se termine dans une belle harmonie de notes (au sens propre comme au figuré !).

 concertfin

*******************

Le lendemain, sur le ferry de Norfolkline

Revenons-en à ce maudit 1/03/09 où du fin fond d'un resto à toutous, je me suis résolue à ne pas manger mon fish & chips pourri... Alors que je m'absente quelques minutes, écoeurée, le serveur s'approche de Julie pour lui demander s'il y a un problème et la jeune femme lui explique la situation. Le serveur propose un autre plat de substitution mais inutile de persévérer pour ce soir, la malheureuse est suffisamment dégoûtée. Fort heureusement le plat sera annulé de la somme totale!

Allez, une bonne nuit pour oublier et demain sera une nouvelle journée.

La pause nocturne n'a pas apporté le réconfort souhaité. Tout s'en est mêlé: la sono abominablement ringarde du hall d'acceuil, les conversations voisines de piplettes anglaises qui se croyaient seules au milieu d'un amphi. Julie a très bien dormi, je n'ai fait que m'agiter nerveusement et, au petit matin, le temps est plus que jamais infect. Le vent souffle à toutes forces, la pluie tombe par paquets incessants. Après quelques emplettes nous n'avons plus qu'une envie: fuir cette île endiablée!! Histoire de ne pas être venues pour rien, avant d'abandonner Skye, on en fait le tour en voiture par le Nord (presqu'île de Trotternish). Les tourmentes gagnent en puissance, la Modus est malmenée.

 

tempet1

 

On fait un seul arrêt avec tentative de promenade côtière, Julie a jailli en perdre définitivement ses lunettes de vue, elle tenait à peine debout dans les sentiers et, étant donné la hauteur pharamineuse des falaises toutes proches, sa sensation de vertige ne lui a pas franchement permis de profiter du paysage. Moi, en bonne Bretonne habituée aux vents et aux escarpements rocheux, j'ai moins de difficulté, mais les bourrasques et les trombes d'eau sont tellement violents qu'il est quasi impossible de sortir les jumelles ou l'appareil photo:zut de flûte! dégoûtée, la téméraire que je suis finit par renoncer et rejoindre Julie, déjà réfugiée depuis un moment dans l'habitacle du véhicule. Nous comprenons désormais d'où vient l'expression "douche écossaise".

 

tempet2

 

 

tempet3

 

tempet

 

falaises 

 

tempet4

 

 

Quelques heures auparavant...

tempetbefore

Les énormes gouttes d'eau sont acérées, elles jaillissent en trombes cinglantes sur le visage ou sur le pare-brise (selon qu'on est à l'extérieur ou à l'interieur de la Modus)! Il n'y a désormais pus aucune visibilité, tout est gris, brumeux, tempétueux, glacial. On se contentera donc de stationner auprès de l'"auberge rouge" de Sliggachan pour rester capitonnées entre 4 portières et s'enfiler nos sandwiches à toute vitesse: les pique-niques n'ont vraiment pas beaucoup d'allure quand la météo s'avère désastreuses! Le temps du repas, j'ai remarqué un rassemblement de photographe auprès d'un pont voisin, ma curiosité est piquée au vif! Julie rapproche la voiture, ce qui me permet de réaliser, toute déçue, que les professionnels équipés en matériel impressionnant se contentent d'amasser quelques clichés pour les opérations commandos militaires de la journée. Décidément, rien d'intéressant à déclarer sur cette maudite Skye où l'on manque à tout instant de se faire décapiter par le vent. Allez, on se casse!

saispu

Je suis bien motivée pour reprendre le volant, j'ouvre ma portière pour changer de chaussures et ... FiiouuuUUUU CRACK!! Un hurlement de Julie implore une fermeture immédiate de la porte avant-droite dans laquelle une énorme bourrasque vient de s'engouffrer, provoquant bruit et fracas. Trop tard... Une des charnières a lâché, on sent bien que la portière en question a du mal à se refermer, y'a un méchant frottement interne qui ne laisse rien présager de bon... Nous décidons d'un commun accord de condamner cet accès et il nous faudra dorénavant fournir de nombreux efforts, moyennant du temps et de la souplesse pour pouvoir prendre sa place de copilote en passant par la partie gauche du véhicule. Voilà une fin de séjour mouvementée...

Direction le Loch Lomond!

Sur le chemin, nous rencontrons un obstacle innattendu: un troupeau d'une quinzaine de vaches Highlands (les grosses rousses archipoilues qui ressemblent à des Yorkshires géants équipés de longues cornes pointues!) avait choisi de stationner au milieu de la chaussée!

routehighlands1

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité